
┤ Axe de Révolution├ Ekaterina Vasilyeva, Hanna Zubkova
┤Axe de Révolution├ Ekaterina Vasilyeva, Hanna Zubkova
curated by Azad Asifovich
Vernissage : jeudi 17 novembre à partir de 18h
Exposition : 18/11/2016 – 27/11/2016
Axe de Révolution (2014) est une performance de 17 heures durant laquelle les artistes ont marché silencieusement à travers Moscou depuis le point le plus au nord du cercle périphérique qui contourne la ville, jusqu’à son point le plus au sud, tout en portant un profil métallique de section rectangulaire mesurant six mètres de long et pesant 13,5 kilos. Alors que le soleil avançait de l’est vers l’ouest, elles avançaient du nord au sud, en suivant une ligne droite de 45 km à travers la ville. Elles synchronisaient leur avancée avec la structure circulaire la ville de Moscou qui rappelle à son tour le modèle héliocentrique copernicien (la révolution copernicienne), alors que leur avancée du nord au sud, traçait une croix, avec la trajectoire du soleil. Le terme révolution, originaire du latin et inventé par Copernic, désigne le mouvement circulaire, alors que chaque jour, ce mouvement exprime un renversement drastique (habituellement pris dans le sens politique du terme). Sans avoir voulu s’accompagner d’un lien à l’Histoire, mais du fait de l’imaginaire de la Grande Révolution russe, cette ambivalence souligne l’intention des artistes de « coordonner le mouvement d’un corps cosmique » et leur « effort intime d’une profonde révolution intérieure ».
Axe de Révolution apparaît comme l’exemple puissant d’une performance abstraite d’une nature complètement non fonctionnelle, une entité purement sémantique, née dans un contexte spécifique et qui obtient seulement son intensité émotionnelle et sa signification dans sa relation avec ce contexte. Après un resserrement extrême de la politique intérieure en Russie et un retour à un état de violence en 2011, l’année 2014 est devenue un point de non-retour dans l’histoire contemporaine russe.
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, il est devenu clair que le pays a pris le chemin d’un état répressif, marquant le début d’un retour vers la propagande politique de l’URSS, vers les mensonges d’état, l’aveuglement, l’isolement et le nationalisme. A ce moment de l’Histoire, deux femmes portant un profil métallique très lourd à travers les rues de la capitale russe, font référence d’une part à plusieurs niveaux de réalité politique, historique et culturelle : un épisode célèbre de la biographie de Vladimir Lenin portant une poutre avec l’aide de travailleurs, le 1er mai 1920 ; la routine de travaux de construction dans le paysage contemporain de Moscou ; les relations de pouvoir structurées par le plan de la ville. Dans le climat d’hystérie et la paranoïa qui a pris l’ascendant sur la réalité médiatique mainstream, la performance a été perçue comme un acte de protestation politique. Elle a touché un nerf central, a provoqué la peur d’une autre révolte, d’une autre action contre l’État. Plusieurs journalistes, dont ceux des chaînes d’État d’habitude assez hostiles au monde de l’art contemporain, ont couvert médiatiquement la procession. En 2015, pour la performance Axe de Révolution, le duo d’artistes a été nommé pour le Prix Kandinsky.
texte de Katya Krupennikova